Je me sentais vraiment déconnectée », confie Véronique, bénéficiaire d’Emmaüs Connect. Cette femme d’âge mure vient pour la première fois aux permanences connectées organisées par l’association lilloise. Un bénévole l’aide à renouer avec certains usages numériques. En effet, l’objectif d’Emmaüs connect est de lutter contre la fracture numérique.
Et Véronique est loin d’être seule. Selon l’INSEE, près de 13 millions de français, soit 17% de la population française seraient touchés par l’illectronisme. Un phénomène qui atteint en particulier les plus vulnérables. Une personne âgée de plus de 75 ans sur deux souffre ainsi d’exclusion. Mais contrairement aux idées reçues, les séniors ne sont pas les seuls concernés. Les personnes les moins diplômées, mais aussi celles qui ont les revenus les plus faibles n’utilisent pas ou peu internet. Ainsi, les ménages les plus modestes (16%) sont davantage confrontés à l’illectronisme, à l’inverse des ménages les plus aisés (4%).
A l’heure de la dématérialisation, le phénomène creuse des inégalités déjà existantes. Accéder à pôle emploi, déclarer ses revenus ou encore faire une demande de permis, « de plus en plus de démarches administratives se font en ligne », explique un bénévole de l’association. Et la crise sociale et sanitaire n’a fait qu’accentuer cette absence d’égalité des chances. Une famille modeste sur quatre ne possède pas l’équipement nécessaire pour que ses enfants accèdent à la scolarité.
Consciente de cette réalité, l’association Emmaüs connect lutte au quotidien pour un accès équitable au numérique. Elle donne accès à une connexion, propose du matériel de seconde-main à bas-prix et un apprentissage pour que ses bénéficiaires se sentent à l’aise devant un écran. Une nécessité pour survivre dans une société du « tout numérique ».
Bérénice ROLLAND