Le festival de cinéma sur l’espérance et l’héroïsme présentait pendant la Biennale ECOPOSS le long-métrage de Ben Sharrock, Limbo. Ce récit est le point de départ parfait d’une réflexion sur l’immigration. Une narration qui prend son temps pour mettre le spectateur au cœur de l’attente d’un demandeur d’asile.
Limbo, portrait poétique d’un musicien en errance
Le film (bande-annonce de Limbo) s’ouvre sur une scène absurde où deux instructeurs expliquent à un groupe de migrants comment être des humains civilisés. Le réalisateur crée d’emblée une proximité entre le public et les migrants en leur faisant partager la consternation devant cette situation.
Après avoir quitté la Syrie, Omar, le personnage principal, se retrouve sur une île d’Ecosse dont il ne connaît même pas le nom. Ben Sharrock nous donne une sensation de vide vertigineux par des plans larges sur de vastes paysages gris. Ces étendues ne sont que traversées par les protagonistes. Dans ce désert, une dizaine d’hommes partagent le sort d’Omar. Ils sont désormais dans les limbes, une zone grise entre exil et asile.
Omar balade son oud, un instrument traditionnel arabe proche du luth, dont il ne joue plus, comme son dernier espoir, sa dernière attache : « Un musicien qui ne joue pas est mort ». Cette phrase de son père résonne, mais Omar n’est pas mort, il est invisible. On comprend facilement au travers de la mélancolie du musicien que l’immigration n’est pas un choix. Il ne sourit que lorsqu’il évoque son passé, sa vie rêvée est déjà derrière lui.
L’espérance au cœur du film de Ben Sharrock
La mélancolie laisse peu à peu place à l’espoir lorsque la musique s’invite de nouveau dans la vie d’Omar. C’est là, la force de Limbo qui parvient à décrire le quotidien d’immigrés dans l’attente aveugle de la décision d’une administration impersonnelle sans s’apitoyer sur leur sort.
Un film d’une intelligence et d’une poésie subtiles sur fond d’humour absurde qui fera naître en vous des questionnements essentiels.
La projection de Limbo a donné lieu à un débat sur notre conception de l’immigration animé par Frédérique Bedos, réalisatrice de documentaires et journaliste. Retrouvez l’article dédié à ces échanges sur le site d'ECOPOSS.
Jules ADAM
