Pouvez-vous nous expliquer le concept d’Empreinte ?
Coralie Cacheux : Nous avons voulu réaliser un conte “dansé” pour rendre accessible le thème, l’écologie, a un large public. Pour cela, nous avons divisé la danse en quatre mouvements à partir de quatre mots-clés : Harmonie, Mécanisation, Saturation et Apaisement. L’idée était de parler de la découverte de la nature, de la colonisation de la Terre par les Hommes, l’influence positive et négative qu’ils ont sur elle. Une des parties repose sur la prise de conscience de l’harmonie nécessaire de la cohabitation entre l’Homme et la planète, cette volonté que l’on retrouve dans la société actuelle.
Comme réalise-t-on une chorégraphie pour s’adapter à la thématique de l’écologie ?
Anne Vio : Nous avons élaboré toutes ensemble la chorégraphie en réalisant des mouvements adaptés aux mots-clés. Pour la partie Saturation, nous avons fait beaucoup de mouvements saccadés, des pas qui tendaient à exprimer ce sentiment. Nous avons également utilisé le cercle surtout dans les deux premières parties car nous voulions évoquer le lien avec la Terre. Lors de notre représentation à l’Université Catholique de Lille (ndlr : le 21 mars dernier, lors de la soirée Dance for Climate), Noémi, une autre danseuse de la troupe, nous a rejoint et a également repris cette idée de cercle vertueux grâce à l’utilisation de voiles éventails.
Empreinte a donc été représenté il y a quelques mois à l’Université Catholique de Lille pour une soirée spéciale Dance for Climate, cela fait sens pour vous de danser devant une génération plus jeune ?
CC : Oui, nous avons l’habitude des familles alors cela nous a plu de toucher un public de jeunes étudiants, qui peut être intéressé par cette dynamique de l’écologie. Le format était également inhabituel puisque le spectacle a été suivi d’un débat, c’était très enrichissant et cela a renforcé notre message.
De manière général, les discours concernant l’avenir climatique sont plutôt pessimistes et peuvent avoir un effet bloquant, en quoi la danse permettrait de dépasser cette vision et de pousser à l’action ?
CC : Je ne sais pas si notre but était d’inciter à l’action mais en tout cas, on ne voulait pas d’un discours moralisateur ou de jugements. Notre danse est une réflexion sur le monde et chacun doit l’interpréter comme il le souhaite. Le public a compris que c’était un acte engagé, qu’il y avait un message. Maintenant, c’est à eux de suivre leur chemin.
AV : J’ajouterais que la construction d’Empreinte a été faite pendant le confinement, cette chorégraphie représente une lueur d’espoir. Le public la ressent et cela nous touche de pouvoir transmettre ce message.
L’art, et la danse en particulier, est-il un moyen efficace de faire passer un message ?
AV : Je pense que cela permet de toucher des personnes différemment parce que chacun interprète l’art à sa façon. Même dans le groupe, nous n’avions pas toutes la même sensibilité envers les enjeux environnementaux. Mais, nous avons partagé nos convictions. Donc oui, je pense que l’art sert.
Pensez-vous que la danse comme toute forme d’art est forcément engagée ?
CC : A partir du moment où il y a un spectacle, il y a forcément un engagement, il y a une volonté de toucher la personne en face, quel que soit le message que l’on veut faire passer. L’art peut aussi se réaliser seul, de son côté, alors c’est une forme d’expression, de libération et d’engagement pour soi-même.
Esprit Danse se regroupera pour une nouvelle représentation au théâtre Charcot à Marcq-en-Barœul le 23 septembre. Les danseuses performeront au profit de l’Aféji, une association qui accompagne toutes les personnes vulnérables, de la petite enfance au grand âge. |
Elisa DESPRETZ & Bérénice ROLLAND