Junia développe des biocontrôles, alternative naturelle aux pesticides

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20 septembre 2024
Aujourd’hui, l’agriculture conventionnelle utilise des pesticides dangereux pour l'environnement et la santé. Pour protéger le blé contre un pathogène fongique dans une démarche écologique et durable, des chercheurs de l’école d’ingénieurs JUNIA ont développé des biocontrôles agissant sur les mécanismes naturels des graminées.
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Photographie de l'enseignant-chercheur Ali SIAH et de Félicie GOUDOT (Doctorante).jp
Photographie de l'enseignant-chercheur Ali SIAH et de sa doctorante Félicie GOUDOT

Un Champignon Vorace 

La septoriose est la maladie la plus observée dans les champs de blé. Elle est causée par le champignon Zymoseptoria tritici, présent partout dans le monde. Sa propagation est favorisée par la pluie, qui permet la dispersion des spores du bas, vers les feuilles du haut. Les pertes de rendement peuvent atteindre 40 %. Ce pathogène est difficile à contrôler en raison de sa résistance à de nombreux fongicides. Pour combattre ce parasite, l’agriculture conventionnelle utilise des pesticides qui contaminent les cycles biologiques et biochimiques ainsi que la chaîne alimentaire. Pour pallier ce problème, une nouvelle méthode est au cœur des recherches, les biocontrôles. Ils sont plus écologiques, car ils agissent in vivo sur la plante sans pollution extérieure.

 

Photographie de la septoriose sur le blé
Photographie de la septoriose sur le blé  ©Junia

Les biocontrôles, une piste pour l’agriculture de demain ? 

Les biocontrôles désignent l'ensemble des méthodes de protection des cultures utilisant des mécanismes naturels. L’équipe de recherche de JUNIA « Plant Pathology and Biocontrol » s'intéresse de près à la réutilisation des déchets, notamment ceux de la betterave sucrière, culture particulièrement présente dans les Hauts-de-France, où est implanté le laboratoire. Les molécules de la mélasse, résidu de fabrication du sucre, peuvent être utilisées comme biocontrôle. L’acide pyroglutamique, le saccharin et l’acide salicylique sont des éliciteurs, des molécules sélectionnées pour activer la résistance des plantes.  

Photographie de serre à Junia
Serre expérimentale chez Junia  ©Junia

Alina Ghinet, et, Ali Siah, enseignants-chercheurs à Junia, cherchent à agir sur le mécanisme de défense de la plante en le stimulant de l’intérieur. Cela peut avoir pour objectif de renforcer la paroi végétale. Ainsi, aucune contamination extérieure n’est possible. Pour réaliser ce procédé, les molécules stimulatrices sont introduites en ajoutant de la matière grasse via la cuticule de la plante liposoluble. Le caractère lipidique d’une molécule lui permet de franchir la membrane cellulaire et de diffuser ses effets dans les cellules cibles. Une autre piste de biocontrôle sont les molécules hybrides, qui permettent de coupler des molécules efficaces et de générer une double action ou une action amplifiée. 

Des biocontrôles aux défis ! 

Les biocontrôles doivent répondre à des exigences, notamment financières. Il faut une efficacité à moindre coût, ainsi qu’une efficience totale qui peut différer d’une culture à une autre. Les parasites sont de plus en plus résistants, ce qui demande des produits toujours plus puissants et nuisibles à la santé. Pour Alina Guinet, les résultats de leurs études “suggèrent que la suppression progressive des pesticides synthétiques passera par une phase de transition. Elle commencera avec les biopesticides [ndlr : dérivés naturels] pour ouvrir la voie à une adoption complète du biocontrôle, bien que la démarche soit longue ”. 

 

Expérience sur gélose à Junia
 ©Junia

 

Marie Pignolet

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