Le textile démodé ?
La mode digitale ouvre un champ infini d'opportunités pour l'industrie de la mode en termes de créativité, d'interactivité et d'inclusivité. En dépassant les limites du physique et du réel, elle permet aux petits créateurs d'émerger sans se ruiner. Ainsi, des modèles uniques et interactifs, tels que des chaussures enflammées, peuvent désormais être créés et expérimentés au sein du métavers. Ce monde virtuel permet aux consommateurs de profiter de leurs marques préférées, notamment en acquérant des articles uniquement numériques. Un large public peut découvrir les prochaines collections des jeunes créateurs comme des grandes maisons de luxes en assistants à des défilés virtuels. Auroboros, une marque de mode numérique a récemment dévoilé sa collection "Biomimicry" lors de la London Fashion Week, dans le metavers. Cette collection permet aux utilisateurs de superposer des vêtements et accessoires sur leurs photos, et d’endiguer le “wear it once”, cette tendance à ne pas vouloir être vu deux fois avec le même vêtement sur les réseaux sociaux. Les filtres et la réalité virtuelle offrent une nouvelle expérience de la haute couture. Des marques de luxe telles que Louis Vuitton, Marc Jacobs, Balenciaga, Gucci et Chanel investissent même dans des plateformes de jeu renommées comme Fortnite pour habiller les avatars des joueurs.
Tisser des liens numériques
La mode numérique ouvre des perspectives en matière d'inclusivité et de démocratisation de la mode. Elle offre un espace où les individus isolés ou marginalisés IRL (In Real Life) peuvent se retrouver librement sans contrainte géographique. Les utilisateurs peuvent créer et partager leurs propres designs avec d'autres usagers, et participer à des événements virtuels dans des mondes immersifs. On peut y exprimer ses humeurs, son appartenance à des groupes ou sa sensibilité à des causes sociales. Quelques soit sa morphologie, son genre, sa capacités ou le stock du magasin, la mode web3 permet à tous d’en profiter. Les prix sont plus abordables, on peut alors s’offrir un vêtement de luxe sans casser sa tirelire. Les détracteurs diront que ce pull Dior acheté dans le métavers ne vous tiendra pas chaud cet hiver ! Mais est-ce bien le but de la démarche ? Il s’agit plutôt ici d’exprimer son identité sur les plateformes numériques. Mais, peut-on vraiment dire qu’elle est accessible à tous, quand, il faut disposer d’outils, d’une connexion, et de connaître les usages liés au numérique ? De plus, cette mode digitale est en effet tout aussi exposée que la mode physique au risque de la spéculation, via les NFT.
Une mode plus responsable et engagée ?
Les marques de mode explorent les possibilités du virtuel pour réduire leur impact environnemental. La mode numérique émerge ainsi comme une alternative durable à sa version physique. Cette transition vers le virtuel offre des avantages commerciaux majeurs, notamment grâce aux prototypages des designs sans recourir à la fabrication de multiples échantillons physiques. De plus, elle favorise le commerce en ligne, réduit les déplacements et les émissions de carbone associées aux achats en magasin. Les utilisateurs peuvent désormais essayer des vêtements avant leur achat et les personnaliser selon leurs préférences. Ce qui pourrait encourager une démarche plus durable et réfléchie dans la mode, réduisant la fast fashion. Un nouveau phénomène à surveiller.
Marie Pignolet