Pourquoi ce titre, La crucifixion de l’Ukraine ? « Cela renvoi au fait que l’Ukraine, au centre de l’Europe, cristallise toutes les déchirures de notre histoire. Non seulement elle les cristallise, mais en plus elle a été écartelée en raison de ces déchirures ». Jean François Colosimo explique : « l’Ukraine a été un territoire de confluence, mais aussi de confrontation entre le christianisme, le judaïsme et l’islam. Et puis, l’Ukraine a été le lieu en Europe qui a vécu la déflagration des deux totalitarismes ».
Un conflit théologique
« L’Ukraine métabolise cette ligne de fracture entre l’Ouest catholique et un Est orthodoxe. Aujourd’hui ce ne sont plus les Eglises sur la ligne de front. Les Etats ont récupéré, parfois infusé sans s’en rendre compte, ces vieilles querelles ».
Jean-François Colosimo conditionne l’issue positive au conflit : « la résurrection de l’Ukraine viendra, car cette guerre s’épuisera. Mais elle ne va pas s’épuiser demain, elle risque d’être très longue. On aura alors deux problèmes : reconstruire l’Ukraine, ce sera facile car les ukrainiens ont trouvé dans cette guerre un ciment national, et réparer mentalement la Russie, sans quoi il n’y aura pas de paix ».
- L’invité : Jean-François Colosimo - théologien orthodoxe, historien, éditeur, documentariste et essayiste français. Il est le directeur général des éditions du Cerf depuis 2013, après avoir été président du Centre national du livre. Ses derniers ouvrages en date : « République ou barbarie (Cerf,2021) & La crucifixion de l'Ukraine (Albin Michel, 2022)
- Le journaliste : Jean Michel Lobry - il dirige les activités audiovisuelles françaises du groupe de presse Rossel : télévisions, sociétés de production, agences de presse, et préside plusieurs sociétés. Il anime par ailleurs de nombreux colloques, congrès et conférences autour de la thématique des transitions écologiques et sociales.