Intelligence collective, pourquoi réfléchir encore tout seul ?

Le hackathon : l’intelligence collective au service d’entreprises tournées vers l’avenir

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26 novembre 2021

"On a plus d'idée à 21 cerveaux que moi tout seul". Cette formule lancée par David Maillard, représentant de l’entreprise Decathlon résume bien ce qu’est l’Intelligence Collective. Pratiquée au sein d’entreprises, cette méthode est expérimentée à grande échelle dans des écoles de commerce lilloises. Espas et Estice organisaient du 11 au 15 octobre un Hackathon. Le but, utiliser l’intelligence collective pour répondre à des problématiques et anticiper les enjeux de demain. Les étudiants mobilisent leur créativité pour apporter des solutions aux 20 entreprises sélectionnées."
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etudiants
Etudiants Espas-Estice

Au cœur de l’Université Catholique de Lille, dans les locaux d’Espas-Estice, les étudiants s’empressent d’une salle à l’autre. Ils montent et descendent les escaliers dans un rythme effréné. Certains sont stressés, d’autres soulagés. C’est le cas de Flavie, Zora et Latifa. Elles viennent de finir leur présentation avec 4 autres membres de leur équipe. L’aboutissement d’une semaine de travail intense - 90h au total-, où les élèves ont résolu une problématique d’entreprise dont ils avaient le choix. Les étudiants n’étaient pas seuls. Un coach coordonnait les différents groupes et des experts de différents domaines intervenaient dans des master-class pour nourrir leur réflexion. Les deux écoles de commerce vivent le dernier jour de cet hackathon.

 

Contraction de « hack » et de « marathon », le hackathon est un exercice répandu dans le monde de l’entreprise. Espas-Estice reprennent ce concept créé par des groupes de développeurs autour de programmation informatique collective. Cette semaine, ce ne sont plus des lignes de codes à décrypter mais bien des problématiques posées par des entreprises.

David Maillard
David Maillard, représentant de Decathlon lors du hackathon

Et c’est avec un enthousiasme non feint, que les 450 étudiants passent cette épreuve. Ce qui leur plaît avant tout, « être dans le concret », nous confient-ils. Vincent Ruckebusch, coach d’une entreprise, poursuit : 

Une entreprise qui dit j'ai un problème, je viens voir les jeunes pour les résoudre ça leur parle. C'est pas conceptuel . 

Pour générer l’intelligence collective, deux mots d’ordre : la créativité et le management. Quand il faut trancher et prendre une décision, le rôle des managers d’équipe est primordial. Ce sont les 4èmes années qui se prêtent au jeu. Quant à créer un climat favorable à la créativité, Vincent explique « l’idée est de mixer les étudiants entre les années et les écoles », ainsi on a « une approche transversale avec des étudiants qui viennent d’Estice, spécialisés en commerce international et des étudiants d’Espas, spécialisés dans la santé ». Cette mixité fait la force du groupe, crée des synergies et en fin de compte, favorise l’émergence d’idées

L’intelligence collective, compétence clé pour les entreprises. 

David Maillard, ambassadeur de Decathlon, affirme :

je ne suis pas venu pour faire une transformation de mon entreprise mais pour écouter des idées nouvelles .

Ce leader de la politique senior RH insiste, « peut-être que cette génération va remonter des choses que je n’avais pas vu ». Le devoir d’innover est devenu un enjeu stratégique majeur pour les entreprises. Et pour trouver des solutions d’avenir, quoi de mieux que de se tourner vers les nouvelles générations. David s’intéresse à l’intelligence collective qui se manifeste lors du hackathon, « On a plus d’idées à 21 cerveaux que moi tout seul ». Selon lui, « il y a des idées auxquelles ils [les étudiants] ont pensé et moi non ».

David met un point d'honneur à faire savoir aux participants si leurs idées ont abouti.   Les étudiants sortent également gagnants de cette expérience. Fiona, étudiante d'Estice, explique : « [ce challenge] permet de travailler avec des professionnels et de découvrir un univers qu’on ne connait pas forcément ». Le groupe développe ensemble des capacités grâce aux transferts de compétences de l’intelligence collective. Le marathon est intense, les participants doivent être organisés. La présentation finale est alimentée par les acquis de chacun. Véritable immersion professionnelle, le hackathon prépare ces futurs cadres au monde du travail. D’après Vincent Ruckebusch : « la vie professionnelle, c'est aussi être en mode projet avec des gens qui peuvent venir d'autres services, d'autres boîtes ». Les élèves se questionnent sur des sociétés avec lesquelles ils travailleront peut-être plus tard. Le hackathon se termine par un forum des entreprises au cours duquel les étudiants apportent leur CV et sollicitent des stages.  

Cette pédagogie innovante a aussi ses limites. L’événement n’est pas sur la base d’un volontariat. Une note encadre le processus. Pour Zora et Flavie, la note les motive, avec le stress de l'exercice : « ça rajoute une pression ». Les participants ont profité de cette expérience professionnelle et sont prêts à retenter ce challenge mais « pas deux d’affilée parce que c’est intense quand même ».

Bérénice ROLLAND et Elisa DESPRETZ

 

Pour aller plus loin :

> Enquête menée par Bluenove et BVA, le 6 décembre 2018 sur le sujet : « Baromètre de l’intelligence collective : Où en sont les grandes entreprises françaises ? » 
> Revue Psychanalyse & Management ; L’intelligence collective : une méta compétence stratégique ? Du management par les compétences au management de l’intelligence collective (Olfa Greselle - Maître de Conférences en Sciences de Gestion) >

 

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