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Le sport comme levier pour la transition écologique ?

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19 juin 2024
Et si on imaginait un monde où le sport ne polluerait plus ? Un monde où il serait 100% vert ? L'impact carbone des événements sportifs est lourd, mais le sport peut être un acteur clé de la transition écologique, s'il s'en donne les moyens. Entre ambition, engagement et réalité, le sport est-il à la hauteur ?
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Athlète qui s'apprête à courrir
©Pexels

Une ambition du milieu sportif 

Les grands événements sportifs cherchent de plus en plus à minimiser leur empreinte écologique. Les Jeux Olympiques de Paris 2024 promettent une empreinte carbone réduite de 50% par rapport aux précédentes éditions. Construction d’infrastructures écoresponsables ou encore utilisation d'énergies renouvelables, sont des exemples d’action pour concrétiser leur ambition. Les clubs et fédérations sportives s’engagent également. Le Paris Saint-Germain a lancé un programme de neutralité carbone, tandis que la Fédération Française de Rugby promeut le covoiturage et les transports en commun pour assister aux matchs. Ces initiatives montrent que le sport peut être un vecteur de changement, incitant les supporters et les athlètes à adopter des comportements plus respectueux de l’environnement.

À Nice, l’OGC Nice a opté pour une structure en résille de bois provenant de forêts gérées durablement, remplaçant les traditionnelles poutres métalliques. Un choix des matériaux important qui joue un rôle crucial dans l’impact carbone de la construction d’un stade de football. Cette décision a permis de réduire les émissions de CO2 de 3 000 tonnes. En Angleterre, le club des Forest Green Rovers, reconnu comme le "club le plus écologique du monde", prévoit d’inaugurer en 2025 un stade de 5 000 places majoritairement construit en bois. 

 

Stade Forest Green Rovers
© Forest Green Rovers 

Des mesures à la hauteur des enjeux ? 

Selon l'ADEME, plus de 80 % des émissions de gaz à effet de serre imputées à une manifestation sportive sont dues aux transports des personnes. Une étude de la BBC estime le bilan carbone de l’Euro, qui se joue actuellement en Allemagne, à 480 417 tonnes d’équivalent CO2 émis dans l’atmosphère. 90% de ces émissions viendront des périples de supporters venus de toute l’Europe. Face à cette réalité, les clubs et fédérations tentent d’encourager des modes de déplacements, comme le train en ayant SNCF comme partenaire durant les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Mais est-ce suffisant ? 

Les transports des sportifs et des visiteurs, la construction de nouveaux bâtiments et la fabrication des goodies sont les principaux émetteurs de Gaz à Effet de Serre. Les efforts réalisés pour réduire l’empreinte carbone ne visent que 30% des émissions de l’événement selon un rapport de l’ONG Carbon Market Watch et Éclaircies. Pour concilier JO et durabilité, il faudrait repenser le système. Décentraliser les Jeux et les organiser dans plusieurs villes ? “Amener les Jeux olympiques au peuple, plutôt que d’amener le peuple aux Jeux olympiques” affirme Martin Muller, auteur de l'étude Evaluation of the sustainability of the Olympic Games (2021).

Des messages contradictoires 

Si Total Energies, avait renoncé à devenir sponsor des JO de Paris 2024 après une rencontre avec la maire de Paris Anne Hidalgo, qui revendiquait sa volonté d’avoir des jeux neutres en carbone, ambition revue à la baisse depuis, le géant pétrolier se montre très présent pour d’autres compétitions sportives : Coupe du Monde de Rugby 2023, premier sponsor de la Coupe d’Afrique des nations 2024 (CAN)... Une contradiction flagrante avec les objectifs écologiques.   

Ballon de rugby sur une pelouse
© Pexels 

Bien que les clubs s'efforcent à réduire leur empreinte carbone, la présence de partenaires issus de l'industrie des énergies fossiles et l'utilisation continue de modes de transport polluants par les sportifs nuancent les efforts et les messages. Ainsi, si l'engagement des organisations sportives est essentiel, il doit être accompagné d'une prise de conscience de tous les acteurs impliqués pour atteindre une véritable transformation durable et impactante. 

 

Le sujet vous intéresse ?

Le 22 juin, l’Univershifté organise une conférence à l’Université Catholique de Lille “Imaginer nos pratiques sportives ou culturelles dans un monde décarboné”. 

 

 

Rokhaya CORREA

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