Mixité des populations, c’est l’ambition sur laquelle s’est construit Humanicité. Le projet, imaginé dans les années 2000, a pour but de faciliter les relations sociales. Aujourd’hui, la construction des derniers îlots du quartier se termine. Nous nous sommes baladés dans ce quartier pour observer les spécificités de son urbanisme.
A la sortie du métro Saint-Philibert, une mère et ses enfants traversent la route. Sans s’en rendre compte, ils viennent de pénétrer dans Humanicité. Rien ne l’indique, mais le projet urbain repose sur 15 hectares. Composé en huit îlots, le quartier est conçu sur un urbanisme particulier qui a pour objectif l’épanouissement de tout type de population. Jean-Claude Sailly, économiste sur la santé à la retraite, en était l’un des chefs de projet. Il explique ce qui fait l’originalité d’Humanicité : « Sa conception n’a pas été faite par des techniciens, mais en lien avec les conseils municipaux ».
Quatre acteurs sont à l’origine de ce projet : la Métropole Européenne de Lille (MEL), les deux communes concernées Lomme et Capinghem et l’Université Catholique de Lille. Le quartier est différent de l’ambition initiale, qui devait s’étendre sur 130 hectares. En 2011, l’équipe municipale favorable à cette initiative n’a pas été réélue à la mairie de Capinghem. Mais le projet n’est pas abandonné pour autant et se poursuit sur une plus petite portion de terrain.
Une mixité facilitée par l’urbanisme
Jean-Claude Sailly insiste : « A Humanicité se trouve une mixité des activités », c’est-à-dire une variété de services et de commerces. Cette démarche se veut inclusive. Selon lui, les personnes âgées ou en situation de handicap sont souvent dans des structures, peu insérées dans le tissu local, situées en périphérie des villes. L’objectif d’Humanicité était de créer « un urbanisme qui fasse en sorte que les populations fragiles soient bien au cœur du quartier ». Pour que ce projet réussisse, une égalité de nombre est établie entre les personnes porteuses de handicaps et celles non-porteuses. La présence de personnes de tout âge est aussi un aspect essentiel du quartier.
Humanicité est organisé en différents ensembles, composés de toutes sortes de logements (privés ou sociaux) et d’une structure hospitalière ou médico-sociale. Ces dernières, accueillent des personnes dépendantes ou des personnes en situation de handicap. Différents lieux permettent aux habitants de se rencontrer, « nous avons essayé de concevoir un quartier qui facilite les relations ». Au cœur des îlots, « un espace vert est accessible par tous ses membres » explique Jean-Claude Sailly. De petites places tous les 300 m, permettent aux personnes de se reposer, mais aussi d’avoir des interactions sociales.
La voirie a été étudiée pour faciliter le déplacement de tous. « On a fait en sorte que les trottoirs ne comportent aucun obstacle », Jean-Claude Sailly décrit cet environnement comme protecteur. Les personnes mal-voyantes, malentendantes ou en fauteuil roulant peuvent se déplacer sans difficulté pour atteindre le métro, par exemple.
Il ne suffit pas de construire un urbanisme qui devrait faciliter les relations pour que ces relations apparaissent.
Les nouveaux arrivants des quartiers ne sont pas toujours attirés par les interactions sociales. Jean-Claude Sailly précise « les habitants d’aujourd’hui ne sont pas venus parce qu’ils estimaient que l’urbanisme était intéressant, ils sont venus parce qu’il y avait de la place dans les logements. […] Il ne suffit pas de construire un urbanisme qui devrait faciliter les relations pour que ces relations apparaissent ». Pour pallier ce potentiel désintérêt des résidents au relationnel ainsi que le changement de l’étendue du projet urbain, un travail est effectué au Living Lab, un lieu qui accompagne le développent de projets entre habitants.
Elisa DESPRETZ
Pour aller plus loin :
Guide pédagogique pour développer un territoire inclusif - Le collectif Objectif Inclusion-Décines
A lire :
Humanicité : une autre ville est-elle possible ? - Jean-Claude Sailly, Stéphane Soyez et Thérèse Lebrun
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